B-M Crofils, la flèche gagnante

par LSA IDF / 8 juin 2024 à 07:20 Mise à jour 8 juin 2024 à 07:35

Un archer qui a mis dans le 1000 ! 

C'est à Mulhouse que Brice-Mathieu Crofis a repris son titre de champion de France de tir à l'arc qu'il avait décroché avec brio en 2022 : "L'an passé j'avais perdu en quarts de finale mais à Mulhouse j'étais prêt et j'ai senti comme un soleil qui est venu ensoleillé cette compétition. Seul regret, j'aurai voulu que le champion de 2022 Capitaine soit présent à mes côtés car il dégage une grande sympathie et son côté humble que j'apprécie. J'ai été déçu de ne pas le voir car pour moi c'est un grand adversaire que je respecte. " 

(Un geste parfait)


Le début de la compétition qui sert souvent de mise en condition n'a pas été au goût de ce grand gaillard de 48 ans :" J'ai senti dès les premières flèches que je n'étais pas de dedans du tout. Moralement je n'étais pas prêt à gagner, dépaysé par voyage, la salle moi qui suit pourtant un habitué des championnats régionaux." 
Le futur champion n'en mène pas large et les volées filent vite :" J'ai compris qu'il fallait me canaliser sans m'énerver en respectant les adversaires. " Plus facile à dire qu'à faire quand la technique si particulière du tir demande une concentration extrême et des nerfs solides pour se focaliser sur cette cible qui paraît si lointaine. " Pour moi, c'était perdu, j'étais défaitiste et pensais que mon parcours allait s'arrêter là en regardant les points engrangés par mes adversaires. Tout jouait contre moi, même un jeune tireur qui tentait de me perturber en me parlant, me taquinant. J'aurai pu perdre mes moyens avec ces circonstances mais cela a été une petite victoire pour moi de revenir dans la partie."

Dans sa  bulle de concentration

Brice se met dans sa bulle :"J'étais debout comme un soldat en fermant les yeux pour me concentrer et surtout bien respirer pour reprendre mon calme." 
Cela marche, les flèches partent mieux : "J'étais enfin ciblé sur mon objectif. J'étais face à moi-même, mon pire adversaire." rigole t-il avec du recul. Brice à l'habitude des situations délicates comme l'an passé en demi-finale où tout s'est joué sur la dernière flèche favorable pour un petit point :"Je n'avais pas une bonne visibilité car mes problèmes psychiques nécessitent des médicaments qui ont des effets secondaires quand on tire." Mais à Mulhouse, il s'est accroché comme un petit soldat qu'il a été et a réussi à grimper de nouveau sur la plus haute marche du podium. " Ce moment de gloire je l'ai vécu en silence en savourant. Je gagne difficilement mais il a fallu rester serein car je sais qu'il y avait plus fort que moi. Pour moi je bats le record mais c'est un petit record et il n'y a pas de quoi verser de larmes de joie." Sur le podium, avec son écharpe tricolore emmenée dans ses bagages, Brice savoure. "Sur un podium, c'est un monde de paix et j'ai invité mes copains à partager ce moment en me rejoignant. " 

(Un titre savouré avec ses copains et son... écharpe tricolore)


Une belle aventure racontée avec une grande justesse et lucidité pour cet homme qui a découvert le basket à l'Élan de la Marne il y a 7 ans : "J'ai pratiqué pour le plaisir du foot étant ado et du tennis pour m'amuser ainsi que de la musculation et du taekwondo mais j'ai tout abandonné. J'avais mes études avec un BTS dessinateur métreur. J'ai été pas mal déstabilisé par ma famille et me suis retrouvé en foyer, livré à moi-même. Pas facile quand on a des difficultés. Le sport m'a aidé à reprendre le fil de ma vie. De par mon handicap, j'ai des absences et ne canalise pas mon organisation. Mon esprit s'évade souvent." 

" Je dois tout à Francis Dargent " 


Brice est un sportif qui pense d'abord aux autres :"Je me bats pour que le sport adapté puisse faire ses preuves et même si je vis avec mon handicap je donne tout pour la pratique. Cela me prend beaucoup d'énergie. Avant j'avais peur et ne comprenais pas le handicap de mes camarades mais le sport ne peut qu'apporter paix et amour. Moi j'ai un handicap complexe mais je ne peux pas le cacher. Le sport m'apporte une paix intérieure mais me bouffe de l'énergie. Ce n'est pas évident tout le temps mais je continue d'apprendre."
La conversation rebondit et l'habitant de la Queue en Brie désire parler de son mentor Francis Dargent qui fait tant pour le sport adapté. Un phare pour Brice :"C'est lui qui m'a bâti avec les bases. Il m'a aussi forgé un mental. Nous n'avons pas le même caractère mais il m'a cadré en me taquinant parfois. Il m'accompagne comme un père et j'ai une énorme reconnaissance pour cet homme droit, investi pour le handicap. Je n'aurai jamais eu ces titres sans lui. Un sacré Monsieur."  

Pascal Pioppi

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