Valentin Thiercelin, le haut du panier I

par LSA IDF / 8 juil. 2024 à 07:58 Mise à jour 8 juil. 2024 à 15:48

Valentin Thiercelin : la passion du basket-ball 


Diagnostiqué autiste Asperger avec retard de langage, Valentin a vite rattrapé celui-ci. Bavard, passionné par les mots toujours ordonnés et fort justes, ce jeune homme a la particularité de parler beaucoup et très vite, comme pour rattraper le temps perdu : "Mes parents ont fermé les yeux sur mon handicap quand j'étais tout petit, pensant que j'étais original. A 3 ans je suis parti deux années dans le New Jersey puis rentré en France et intégré dans le milieu scolaire ordinaire. " L'enfance n'a pas été un moment facile à franchir même si les notes et les facilités scolaires ont permis au jeune de suivre sans souci un cursus placé sous le signe de l'excellence : " J'ai appris à lire à 4 ans et je n'avais pratiquement que des 20 sur 20 en CE2. Quand j'avais 15, c'était une très mauvaise note. Cela a baissé au lycée avec une moyenne de 17 mais cette réussite scolaire qui cachait d'autres choses a été vécue comme une jalousie par mes copains de classe. En plus j'étais orgueilleux ce qui n'arrangeait pas les choses" glisse t-il en souriant.

(Un joli geste de champion)

19,16 de moyenne au bac !

Pas facile de s'intégrer avec des codes différents des autres :"Je n'avais que 2 ou 3 amis au collège. J'étais considéré comme le génie de la classe mais je n'aimais pas ce côté arbitraire et finalement injuste car je ne travaillais pas beaucoup et j'avais les meilleures notes. Ce système scolaire était injuste mais je n'aimais pas leur comportement." Avec une moyenne de 19,16 au bac, pas besoin d'oral et encore moins de difficultés pour entrer à Sciences Po puis bifurcation sur un master d'Histoire.
Si la communication reste difficile, le sport va contribuer à épanouir le jeune Valentin qui découvre le basket en 2015 au lycée. La taille va jouer aussi un rôle pour cet ado de 13 ans d'1m75 qui va prendre 15 bons centimètres en deux ans. " J'ai pris goût au jeu en signant ma première licence dans le Cher à St Amand puis à Paris Jean Bouin et l'Alsace de Bagnolet en découvrant aussi le para basket en 2016 à Bourges."

L'homme de la campagne découvre Paris pour ses études " je ne suis pas attaché pour autant à la capitale" en s'adaptant aux foyers, sites universitaires.

"Le basket est un art" 


Celui a découvert très tôt les vertus du sport par la pratique de la gym, du judo, du foot mais aussi du tennis de 9 à 15 ans se passionne pour le jeu du basket. Sur et en dehors des terrains :" Au lycée je pratiquais 8 heures par semaine en jouant sans cesse sur mon temps libre, seul , en un contre un avec Alexis. J'aime le jeu pour la liberté qu'il procure. Avec une balle j'oublie tout et il y a tant de possibilités au basket. J'adore cet esprit créatif. Le basket est un art en pouvant s'appuyer sur ses partenaires. Les possibilités sont nombreuses et augmentent les capacités de chacun. Quand le ballon circule je m'épanouis."

(Lors de la fête culturelle du CDSA 93, Valentin au micro)

Avec son esprit de chercheur, la stratégie va lui prendre beaucoup de temps avec la réflexion poussée sur le placement, les mouvements sans ballon :"Le sport adapté m'a beaucoup aidé dans les relations, la communication et la compréhension avec mes équipiers. Tout le monde est à sa place, même les petits joueurs. J'aime ce challenge, j'adore jouer avec des meneurs de petites tailles, m'adapter à leur jeu et réfléchir à mon adaptation pour exploiter leurs qualités."
Le sport collectif est un terrain de recherche pour ce grand gaillard qui aime partager, comprendre le fonctionnement de la moindre petite chose. Il a le sens du détail et de l'intelligence gestuelle : "L'égoïsme gangrène le sport collectif. Je ne suis qu'un joueur, un membre d'un corps social et qu'un petit membre d'un collectif qui représente un marchepied pour m'appuyer sur eux. Chacun peut tirer vers le haut une équipe. Bien entendu en sport adapté je marque beaucoup de points mais le handicap rend humble car je me sers des autres. En club civil, c'est plus difficile de défendre par exemple sur celui qui n'a pas le ballon. C'est une autre adaptation. "

"Je veux un statut de joueur de haut niveau" 


La frustration demeure très vive pour Valentin de ne pas pouvoir entrer en équipe de France :" Il n' a pas de catégorie pour moi qui possède un QI de 130 alors qu'il faut être inférieur à 75. J'ai fait des demandes orales, des lettres mais aucune réponse. Je vis cela comme une injustice. Je n'ai pas voulu tricher sur mes capacités intellectuelles et pour avoir dit la vérité je suis pénalisé. Je veux juste un statut de haut niveau. "

En attendant, Valentin rêve d'intégrer une équipe de province pour jouer  "même 8e homme en N3 par exemple." Il veut prendre son temps :" les autistes se développent plus tardivement et je dois bien utiliser mon corps pour durer. Je dois aller à mon rythme." Il se projette dans ce sport qu'il aime tant :" Je ne me vois pas encadrer des enfants car c'est dur mais plus tard je voudrais bien être assistant rotation sur le banc. Actuellement en sport adapté j'échange beaucoup avec les autres car je suis un leader naturel, le dépositaire du jeu."  L'autisme apporte son lot de problèmes dans une équipe où il faut se fondre le collectif :" C'est problématique c'est certain mais il faut avancer. Le plus délicat pour moi est de gérer les émotions qui sont rendues plus fortes. Je progresse, je m'applique, je réfléchis."
Actuellement, Valentin est en service civique à la Ligue sport adapté à Paris :" C'est super pour moi car il y a d'autres approches humaines et si je peux être utile comme je le suis sur le terrain de basket cela ne sera que du bonheur."

Un bel ambassadeur 

(Avec Maëllys Dréan, deux beaux ambassadeurs)


Ambassadeur du sport adapté comme l'est également le champion paralympique Charles Antoine Kouakou ou la nageuse Maëllys Dréan et le jeune athlète d'Antony 92 Arthur Bellitto, ces jeunes véhiculent une bien belle image du sport et sont sources d'inspiration pour tous les jeunes sportifs de notre région. Un exemple à suivre. 

Pascal Pioppi

Sa vidéo 

https://youtu.be/HYPHn5R4rqk?si=A_vVp2tPsEco6aPu

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